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Blog de Xavier Grosclaude

Quels enseignements tirer des résultats de l’élection présidentielle française ?

Quels enseignements tirer des résultats de l’élection présidentielle française ?

Le Président François Hollande va bientôt quitter le Palais de l’Élysée après cinq ans d’un quinquennat déroutant à l’image de la première campagne présidentielle organisée sous état d’urgence.

Le 23 avril dernier, les Français ont été confrontés à une équation politique sans précédent pour une élection présidentielle. Ils avaient le choix, à la lumière des sondages, entre quatre prétendants à la magistrature suprême, quatre prétendants dont deux candidats socialistes non-officiels et deux représentants de la droite dont un à l’extrême sans aucune représentation parlementaire.

 

La communication politique de « grand-papa » est morte !

 

La campagne pour les élections présidentielles a montré à tous ceux qui en doutaient encore l’importance des réseaux sociaux comme puissant instrument de déstabilisation des candidats mais aussi de mobilisation des électeurs.

Les réseaux sociaux ne sont pas la France. Ils sont seulement le miroir d’une certaine réalité, un miroir souvent déformant mais un miroir désormais essentiel aux hommes politiques pour exister et renforcer leur notoriété. Savoir jouer avec les réseaux sociaux et se jouer des réseaux sociaux, en exploitant ses ressources informationnelles, est désormais capital pour s’imposer politiquement.

A la différence des précédentes campagnes présidentielles, aucun thème central ne s’est réellement imposé durant les débats entre les candidats. Chaque candidat est resté dans son couloir sans véritables interactions avec les autres candidats. C’est là une des conséquences de la scénarisation de la vie politique (photos, images fournies par les candidats aux chaines de télévision…). La confrontation des idées n’est plus au cœur des campagnes. De fait, la nature ayant horreur du vide, les médias ont pu prendre la main sur la campagne selon le modèle classique de l’infotainment importé des États-Unis.

Sur le fond, l’incapacité de la classe politique à proposer aux français une lecture globale du monde devient problématique car elle appauvrit le débat public en le focalisant sur l’accessoire au détriment du principal. Cette dégradation des termes du débat favorise les expressions les plus simplistes, les plus émotionnelles, les plus irrationnelles. Or, s’il est possible de gagner une élection en surfant sur les « émotions » du corps électoral, la gestion du Pouvoir procède d’un exercice solitaire beaucoup plus complexe.

Aussi, faute de projection et d’explications sur les vrais défis à relever pour la France, le nouveau Président de la République française est d’ores et déjà condamné à décevoir, prisonnier d’un État incapable de se réformer, de la tyrannie des corporatismes et d’un contexte international appelé malheureusement à se dégrader.

 

Au-delà des apparences, l’offre politique n’a pas évolué…

 

La campagne s’est déroulée sur un « trompe l’œil » avec des Primaires dont la valeur ajoutée politique reste toujours à démontrer…Concrètement, deux campagnes se sont déroulées en une, la campagne des candidats aux Primaires et celle des « autres ». Force est de constater que les candidats issus des Primaires n’ont pas bénéficié de la dynamique sensée les propulser en pole position.

A la veille des élections législatives, une seule certitude s’impose, les formations politiques vont toutes être mises sous tension car l’entrée en vigueur de l’interdiction de cumul des mandats va inciter de nombreux « députés historiques » à se replier sur leurs terres. Or, il n’est pas certain qu’une Assemblée Nationale émiettée politiquement soit la garantie d’une action gouvernementale efficace sauf à vouloir gouverner par ordonnances.

En réalité, la campagne a tourné à vide. Le nouveau Président de la République n’incarne pas une nouvelle offre politique mais uniquement une nouvelle posture. La France va rester politiquement sur le même référentiel avec une seule inconnue toutefois l’étendue de la recomposition dans chacun des camps sachant que les écologistes ont disparu du paysage présidentiel et que les communistes jouent leur survie avec un candidat socialiste...

En matière de recomposition, deux options sont possibles techniquement à savoir celle de la « consolidation » avec l’émergence de nouvelles formations politiques à côté des anciennes mais supplétives de ces dernières, soit celle de la « substitution » avec la disparition des anciennes formations au profit de nouvelles. Les élections législatives vont favoriser l’option « consolidation » puis le Président de la République sera obligé de favoriser politiquement l’option « substitution » pour asseoir rapidement son autorité.

 

Les défis à relever restent entiers pour la France .

 

La campagne des élections Présidentielles n’a tracé aucune voie pour la France ni sur le plan national, ni sur le plan européen, ni sur le plan international. Le nouveau Président, réalisme oblige, va vite devoir oublier ses propos de campagne pour gérer la réalité d’un pays aux capacités énormes mais sous-exploitées faute de cohésion.

Dit autrement, il va devoir « atterrir » au plus vite et redécoller tout aussi vite avec un plan de vol soigneusement étudié car la météo politique risque de se dégrader sans attendre la fin du traditionnel « état de grâce ».

Si toute action intègre nécessairement du positif, au global, le quinquennat de François Hollande restera dans les esprits comme un quinquennat « brouillon », désincarné et miné par des négligences coupables à la frontière parfois de l’amateurisme.

Curieusement, comme son prédécesseur, François Hollande a commis une erreur fatale et lourde de conséquences sur le plan politique. Il a propulsé au Gouvernement des « fidèles » de son équipe de campagne sans expérience gouvernementale, c'est louable sur le plan humain mais totalement contreproductif sur le plan politique.

Si le nouveau Président en doute, je lui conseille de prendre rapidement contact avec Barack Obama ou Donald Trump pour échanger sur le sujet…La vie politique moderne commande d’avoir une équipe pour conquérir le Pouvoir et une équipe pour l’exercer. C’est aussi cela le nouveau millénaire !

 

 

 

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